Budget enseignement supérieur et recherche : astuces comptables et effort dérisoire

Le gouvernement est devenu spécialiste en effets d’annonce. On se souvient du désormais célèbre slogan opportuniste “make our planet great again”, coup de com. d’Emmanuel Macron qui ne s’est matérialisé que par un projet visant à faire venir quelques étoiles étasuniennes à grands frais. Et puis ce fut au tour de notre ministre de tutelle qui annonçait sur France Inter mi-septembre (rentrée oblige) une augmentation de 700 millions d’euros pour le budget de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR).

Les premiers détails de ce budget sont parvenus aujourd’hui : le ministère indique un budget ESR pour 2018 de 27,4 milliards d’euros, contre 26,7 pour 2017. Seulement il y a un problème : cette valeur de 2017 correspond au projet< de loi de 2017, en réalité le budget voté en 2017 était de 27 milliards (comme l’indiquent la loi de finance 2017 ET les statistiques du ministère). En résumé, l’augmentation est donc de 400 millions et non de 700 millions comme annoncé. Il est toujours plaisant, pour les membres de la communauté universitaire et scientifique, de constater que leur ministère de tutelle tente de les rouler dans la farine à coup de « fake news » : cela montre quelle image ils ont de leur personnel.

Arrêtons-nous néanmoins sur ce chiffre bien rond de 400 millions d’euros. C’est beaucoup bien sûr, mais il faut mettre cela en regard du budget total de l’ESR : 27 milliards d’euros. Cela fait donc une augmentation de 1,4% (sans tenir compte de l’inflation…). Le taux d’augmentation des effectifs étudiants est plutôt autour de 2,5%… Une augmentation de budget de 400 millions consacrée totalement à l’université ne permettrait donc même pas de maintenir constante la dépense par étudiant. Or, et c’est encore là une belle roublardise, cette dépense par étudiant est en baisse depuis 2012. En réalité, rien que pour revenir à une dépense normalisée équivalente à celle de 2012, c’est plus de 2 milliards d’euros qu’il faudrait injecter. Ce n’est ni la fin d’APB, ni la mise en place d’une sélection à l’université qui vont régler le problème : l’État francais doit investir dans l’enseignement supérieur et la recherche, mais il persiste à ne pas le faire. Il préfère consacrer plusieurs milliards à la réforme dispendieuse et socialement injuste de l’ISF. Start-up nation ? Mon œil !