Plus que jamais RogueESR

Le 9 mai 2017

Nous y sommes. Nous avons évité le pire et barré Le Pen, mais tout porte à croire que nous sommes désormais mal barrés. Nous avons averti lors de l’entre-deux-tours : nous ne nous en laisserons pas conter. Le président Macron est élu par défaut, son « projet » ne rassemble qu’une poignée de convertis. Il ne nous a pas convaincus. La trêve est terminée, on peut désormais le dire haut et fort sans craindre d’être accusés de « faire le jeu du FN ». Les sujets ne manquent pas sur lesquels il faut faire entendre une voix d’opposition et de résistance. Ubérisation de l’économie à marche forcée, casse sociale sous couvert de « progressisme », nivellement par le bas des droits sociaux, gouvernement par ordonnances dès l’été : « la libération des énergies » (leur libéralisation ?) promet des lendemains qui déchantent, le réveil sera douloureux.

S’agissant du système de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) qui nous tient tant à cœur, les raisons de s’inquiéter et de se révolter sont nombreuses. La reconduction et même l’approfondissement des logiques gestionnaires mises en place sous les quinquennats Sarkozy et Hollande sont plus que jamais à l’ordre du jour. La lente destruction de ce qu’il restait encore de l’ESR devrait se poursuivre si rien ne s’y oppose, qu’il s’agisse de la précarisation des diverses catégories de travailleurs, de la gestion par la pénurie, de l’intensification des logiques concurrentielles – entre établissements ou entre chercheurs, par l’ANRisation de la recherche –, ou encore du choix spécieux de créditer les entreprises privées en recherche d’optimisation fiscale d’énormes subventions publiques, quand les labos et les universités s’écroulent. À cela on peut ajouter la fuite en avant dans les regroupements d’établissements, générant des mille-feuilles technocratiques à n’en plus finir, et, concernant les universités,  l’abandon de générations d’étudiants tirés à leur triste sort. Hélas, la liste de ce que nous promet l’héritier de M. Hollande peut et pourrait encore s’allonger.

Nous ne sommes pas dupes. Nous marcherons, mais pour l’ESR et dans une direction qui ne sera pas dictée par des intérêts purement économiques. Pour cela, il s’agira de s’organiser collectivement. De ne plus se contenter de la critique en pantoufles et de la résistance à distance. Il faudra freiner, bloquer s’il le faut, être réactifs sans surréagir, temporiser et se donner le temps de réfléchir : imposer notre rythme. Mais à nous également de proposer des alternatives concrètes et originales, appuyées sur des diagnostics imparables pour obliger les futurs gouvernants à en tenir compte. Quitte à rendre ingouvernable notre milieu qui en a vu d’autres. Alors, chiche ?