M. Macron : on a trouvé 6 milliards pour financer l’enseignement supérieur et la recherche !
Monsieur Macron,
En ces temps de crise, enfin, surtout comme vous avez fait beaucoup de cadeaux à vos riches amis, l’Etat n’aurait plus d’argent. Du coup, pour bâtir une France-de-prospérité-retrouvée-et-de-progrès-pour-chacun ça va être un peu compliqué.. Mais ne vous inquiétez pas Monsieur le Président, avec les copains et les copines de RogueESR, on vous a trouvé 6 milliards d’euros.
Pensez à tout ce que vous allez pouvoir faire avec ça ! Vous allez même peut-être pouvoir terminer votre « premier chantier », celui de l’éducation et de la culture. Parce que vous qui vouliez « renforcer la cohésion sociale » et « remettre la transmission des savoirs fondamentaux au cœur de l’école et des université », jusqu’à présent vous avez surtout mis une sacré pagaille avec cette fâcheuse manie de vouloir faire des économies partout.
Prenons pas exemple un sujet qu’à Rogue ESR on connaît bien, la mise en place de la loi ORE et de Parcoursup. Entre nous, nous savons bien que, fondamentalement, le véritable enjeu n’est pas de trouver un bon algorithme. Non, le fond du problème c’est que cela fait des années que plus personne n’investit dans les universités, ne construit des locaux ou ne recrute un nombre suffisant d’enseignants. Résultat : il n’y a plus assez de places pour accueillir tout.e.s celles et ceux qui souhaiteraient y poursuivre des études. Les algorithmes étant des formules mathématiques et pas des formules magiques, ils ne pourront pas résoudre cette équation insoluble sans moyens supplémentaires. Toujours dans votre logique de faire des économies, vous avez plutôt cherché à empêcher les plus fragiles socialement de poursuivre des études, en expliquant que l’université n’était pas la solution pour tout le monde et en introduisant la sélection.
Comme vous êtes de la startup-nation, vous avez trouvé une astuce disruptive pour innover encore plus, à l’aide des suggestions de vos copains économistes-agiles : ce bon vieux Gary vous a filé le tuyaux de la généralisation des frais de scolarité dans les établissements publics, ce qui aurait le double avantage à la fois de renforcer la sélection sociale à l’entrée dans l’enseignement supérieur, et de permettre de réduire encore les dépenses de l’Etat. Quand à Philou, il vous a trouvé la justification parfaite pour le serrage de ceinture : « Nous sommes encore en procédure de déficit excessif avec Bruxelles, et donc encore contraints en matière budgétaire ». Dans les salons, les potos qui touchent l’ISF viendront vous féliciter de ces économies réaffectées à l’allègement de leurs impôts.
Mais comme nous sentons, à RogueESR, que vous nous aimez bien, on voudrait vous faire une proposition : on vous révèle où trouver 6 milliards et vous, en échange, vous les investissez dans l’enseignement supérieur et le recherche.
Allez on vous le dit : 6 milliards, c’est ce que coûte chaque année à l’Etat le Crédit Impôt recherche (CIR). Ce dispositif vieux de plus de trente ans permet aux entreprises de soustraire de leurs impôts 30% des coûts annuels associés à leurs activités de recherche, dans la limite de 100 millions d’euros de dépenses. Et donc, chaque année, l’Etat fait cadeau de 6 milliards d’euros d’impôts aux entreprises, l’équivalent de deux fois le budget annuel du CNRS.
Vous me direz, sur le fond, pourquoi pas, si cela peut aider la recherche et le développement dans le secteur privé (et c’est parfois le cas). Et là, nous vous dirons « oui, mais il y a quand même un léger souci ». Ce léger souci c’est qu’un rapport concernant (notamment) le CIR vient de sortir, et il n’est pas super positif :
« l’efficacité du CIR au regard de son objectif principal, l’augmentation de la dépense intérieure de recherche et développement des entreprises (DIRDE) reste difficile à établir »
Au bout de trente ans, c’est chaud non ? Qui a écrit ce rapport accablant ? Une bande de gauchistes hyper-politisés (nous n’en connaissons pas) ? Etttttt non, ce sont vos amis (encore !) haut-fonctionnaires de la Cours des Comptes… Bon, en plus, ce n’est pas la première fois qu’ils le font remarquer, et avant cela, il y avait eu d’autres organismes d’extrême gauche comme l’OCDE qui avaient pointé du doigt le mauvais fonctionnement du dispositif, et le risque de fraude fiscal (#oups). Il y a même un certaine Elise Lucet qui était venue vous voir à Bercy pour vous demander si vous trouviez normal que Sanofi touche plus de 100 millions de CIR tout en licenciant des chercheurs… On s’arrête là, je crois que c’est clair pour tout le monde, le dispositif est en gros un cadeau aux entreprises. Alors oui, on sait que c’est bien pratique car cela vous permet de le faire sans enfreindre les règles de concurrence européenne, et ouiiii, c’est vraiiiiit, c’est pratique, parce que du coup ça rajoute 0.3 points au pourcentage de PIB dépensé pour la recherche en France dans les statistiques de l’OCDE, ce qui permet d’être un poil moins ridicule et afficher 2.3%, face à l’Allemagne (3%), ou aux USA (2,8%). Mais bon, entre nous, le truc est quand même un tout petit peu une arnaque non ?
Encore récemment, vous expliquiez qu’il n’y a pas « d’argent magique » à une soignante dans un CHU qui se plaignait des conditions de travail et de soin dégradées, faute de moyens humains et matériels. Là du coup on a un peu envie de vous répondre « si si de l’argent magique il y en a, dans les caisses du patronat”, en l’occurrence c’est celui du CIR. Nous, on vous le donne, c’est cadeau.
Vous imaginez ce qu’on pourrait faire avec 6 milliards ? Si vous ne trouvez pas on peut vous aider : contact@rogueesr.fr