Monsieur le président de la République, libérez les véritables énergies !
Exceptionnellement, nous publions une lettre ouverte à l’adresse du président de la République qui nous est parvenue, écrite par un groupe d’acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche en rupture consommée avec l’Udice — l’association de défense des intérêts de la bureaucratie universitaire. Tout porte à croire que cet « appel des 51 » fera date.
Monsieur le Président, libérez les véritables énergies !
Monsieur le Président, ce jeudi 7 décembre, vous avez présenté aux acteurs de la recherche et de l’innovation un véritable manifeste pour le courage et la lucidité politique. Quand tant d’esprits chagrins vous recommandaient de différer les véritables réformes nécessaires à notre système d’enseignement supérieur et de recherche, et de ne pas brusquer les conservatismes du monde académique, vous avez chevauché le tigre pour prendre véritablement le taureau par les cornes. En quelques minutes de grâce, vous avez dessiné les contours d’une authentique révolution copernicienne : le dépassement de cette institution poussiéreuse frappée d’obsolescence, le CNRS, que vous souhaitez fort justement remplacer par « de vraies agences de financement qui arrêtent de gérer directement les personnels ». Une politique scientifique réellement ambitieuse requiert en effet que les financements, les recrutements et les carrières soient intégralement pilotés localement, par des exécutifs agiles et proactifs capables de mettre en œuvre les programmes de recherche puissamment pensés par le chef de l’État. La véritable autonomie, c’est le contrôle ! Cette vérité vraie, vous l’avez résumée d’une formule qui restera : « la liberté académique pour les meilleurs. » Enfin ! Combien d’universitaires et chercheurs de l’ex-CNRS sont-ils véritablement excellents et productifs ? 10% en étant généreux. De l’air !
Votre discours fait naître l’espoir que la Start Up Nation renoue avec le souffle initial de Nicolas Sarkozy et Didier Raoult quand ils portaient les IHU sur les fonts baptismaux, contre l’administration de l’Inserm, prisonnière du conservatisme gaullo-soviétique qui gangrène encore la science française. Demain, avec vous, ce sont des dizaines de dignes héritiers des IHU qui fleuriront sur les cendres du mammouth. Ensemble, nous rallumerons les lumières du projet Manhattan.
Les réactions paniquées de la ministre Retailleau, du président Deneken ou du PDG Petit doivent vous ouvrir les yeux : les mêmes forces du déni qui ont entravé le programme charismatique et revigorant de Frédérique Vidal sont à l’œuvre aujourd’hui. Les ennemis de la révolution scientifique se liguent déjà pour ensabler votre tronçonneuse dans les eaux du marasme. Le spectre de l’immobilisme avance à grand pas, et nous devons l’arrêter. Pour cela, l’ambition progressiste impose de sauter par-dessus l’ombre du doute et de démettre le lobby conservateur qu’est devenu l’Udice. Les 18 mois envisagés pour opérer cette véritable révolution nationale sont trop longs et augurent d’un sabotage. Il est temps de remplacer les présidences d’universités timorées par des task forces compétentes et disruptives, capables de hacker de véritables solutions en 4 mois : le 1er avril 2024 sera l’an I de la nouvelle science nationale. Les nouveaux statuts des innovation centers remplaçant les universités d’excellence et des agences de programme devront entrer en vigueur pour le 14 juillet 2024, date qui verra briller une nouvelle génération de président-managers d’universités, plus jeunes et plus ambitieux, recrutés avec l’appui des cabinets de conseil les plus au fait des bonnes pratiques scientifiques mondiales.
Sans doute, toutes les universités ne seront pas capables de sauter ce pas, mais ce n’est pas ce qu’on leur demande : le bon sens n’est pas chose si partagée, et l’amour de la liberté impose de reconnaître les vertus de l’inégalité. Si l’université de Strasbourg n’a pas l’audace de passer le Rubicon, gageons que Paris-Saclay saura montrer l’exemple une fois de plus. Une différenciation statutaire véritable est la mère de toutes les réformes. La science véritablement libérée mangera du mammouth, mais uniquement à la carte : nous laisserons le menu aux gagne(s)-Petit.
Ne laissons pas les doomers mettre un frein à l’avenir ! Monsieur le Président, distribuez–nous les armes pour la chasse au mammouth. Nous sommes prêts. Taïaut, avec ou sans Retailleau ! Viva la libertad, CARAJO.
Le groupe Javier Milei réunit 59 présidents d’université, directeurs d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche et hauts fonctionnaires progressistes, proches de l’aile gauche de la majorité présidentielle.