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Le réel quelquefois désaltère l’espérance

« Le réel quelquefois désaltère l’espérance. C’est pourquoi, contre toute attente, l’espérance survit. »

René Char

Une charte pour défendre la liberté académique

L’Association pour la Liberté Académique (ALIA) vient d’achever sa phase de constitution en association autonome. Nous souhaitons aider cette association qui naît, en appelant à l’adhésion massive des universitaires, des chercheuses et des chercheurs, quel que soit leur statut, et en relayant le formulaire d’adhésion.

L’Association pour la Liberté Académique propose une charte (à télécharger ici) qui pose les principes de la liberté académique et appelle les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche à l’adopter et à s’engager ainsi à préserver et promouvoir institutionnellement la liberté académique. ALIA invite les collègues de la communauté d’enseignement et de recherche à apporter leur signature pour soutenir l’adoption de cette charte dans le plus grand nombre d’établissements.

« Plus nous serons nombreux et nombreuses à demander la protection et la promotion de la liberté académique, plus cet enjeu apparaîtra comme une priorité dont les établissements d’enseignement supérieur et de recherche doivent s’emparer. » écrit le Conseil d’administration d’Alia.

De fait, on ne saurait prendre l’enjeu à la légère tant les menaces sont devenues quotidiennes.

« Une nourriture indispensable à l’âme humaine est la liberté. La liberté, au sens concret du mot, consiste dans une possibilité de choix. Il s’agit, bien entendu, d’une possibilité réelle. Partout où il y a vie commune, il est inévitable que des règles, imposées par l’utilité commune, limitent le choix. »

Simone Weil

Investir dans la recherche et l’Université, pour juguler le décrochage économique, scientifique et technique

Nous sommes 3 500 universitaires, chercheuses et chercheurs, déjà, à avoir signé une tribune pour rouvrir l’horizon de notre société, en nous donnant les conditions nécessaires à juguler les crises démocratique, climatique, sociale, économique, donc en investissant aujourd’hui dans le savoir et ses institutions : l’École, l’Université, la recherche scientifique. Transformée en pétition, la tribune est ouverte à la signature de toutes et tous.

« L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme. »

Victor Hugo

Défendre l’École, l’Université, la recherche (premier volet)

L’examen du projet de loi de finances pour 2025 constitue l’occasion de renouer avec le débat démocratique autour de deux visions antagonistes de la société. Le redressement des finances publiques rend nécessaire un effort de 60 milliards d‘euros, qui correspond exactement aux baisses annuelles d’impôts accordées aux plus aisés depuis 7 ans. Les plus fervents défenseurs du chef de l’État s’accordent désormais sur le fait que la politique de l’offre théorisée par la « Macronomics » — mot valise construit par analogie à Reaganomics — a échoué à relancer l’activité économique. Nous avons donc le choix entre préserver des mesures fiscales en faveur des plus riches, après qu’elles ont échoué dans leurs promesses, garantir le niveau des dividendes et couper les budgets de la santé, de l’éducation, de la recherche, ou renouer avec un investissement dans des communs qui permettent de rouvrir des horizons florissants. Nous invitons chaque laboratoire, chaque UFR, chaque département, chaque conseil central à prendre position sur les choix budgétaires.

Deux points nous semblent cruciaux à défendre :

  • Les budgets de l’Université et de la recherche doivent être sanctuarisés, ce qui suppose qu’ils soient réévalués d’au moins le montant de l’inflation — ce qui n’est plus le cas depuis la loi de programmation de la recherche (LPR).

  • Les subventions pour charge de service public des établissements d’enseignement supérieur doivent au moins suivre les évolutions de la masse salariale.

Quelques propositions de réforme du crédit d’impôt recherche (CIR) permettant de compléter les financements de la recherche, de l’Université, de l’École publique, et plus généralement des services publics :

  • Le CIR doit être conditionné à l’embauche de docteurs pour une durée supérieure à celle de la période d’essai, en contrat à durée indéterminée (CDI).

  • Le CIR doit être conditionné au paiement d’impôts sur les sociétés (aujourd’hui, les crédits d’impôts sont reportables pendant 3 ans, en cas de non imposition).

  • Réduction du plafond de subventions des dépenses de 100 millions d’euros à 25 millions d’euros pour préserver les petites et moyennes entreprises.

  • Faire du CIR un levier par un plafond de subvention plus élevé pour les recherches et développement autour des énergies décarbonées, de la prévention, de la souveraineté sanitaire, etc.

Nous développerons dans un second volet des propositions de réformes de la formation en alternance (20,4 milliards d’euros auxquels il faut ajouter 7,2 milliards d’euros d’apprentissage) et de la formation des enseignants.

N.B. Cette troisième brève n’engage en aucune manière, ni les signataires de la tribune dont RogueESR est hébergeur, ni les adhérents de l’association Alia.

« Le verbe Résister doit toujours se conjuguer au présent. »

Lucie Aubrac