Le 5 mars, on arrête tout, on réfléchit…
Dur Alex, sed lex
Nous avons dépouillé le sondage sur l’opération Alex et discuté la centaine de mails reçus à cette occasion :
- 2 000 collègues sont prêts à participer à l’opération : les conditions du succès sont donc réunies ;
- Le prénom « Alex » ne convainc pas ; il faut donc proposer de nouveaux choix dans un sondage à venir ;
- Nous est le seul nom de famille qui emporte une large adhésion ;
- Une majorité se dégage en faveur de l’effet de surprise ;
- Beaucoup de collègues souhaiteraient conférer à « Alex » une légitimité — sinon une légalité — d’auteur collectif, comme cela se pratique dans les grandes collaborations, en lui conférant un rôle spécifique dans les articles : celui de la communauté savante, garante d’exigence et de normes d’éthique intellectuelle. L’élaboration de cette “collaboration” inspirée de la physique des grands instruments exige un peu de temps pour en étudier la faisabilité ;
- L’engagement dans un « Nous » que certifie la présence d’« Alex » parmi les auteurs demande à être explicité en prenant en compte les spécificités disciplinaires.
Appel à contributions
Nous souhaitons ouvrir le collectif RogueESR. L’occasion nous est offerte grâce au projet de deux ouvrages que nous souhaitons penser et écrire collectivement dans la période qui vient :
- un dictionnaire intitulé « Eux / Nous » définissant de manière précise, et parfois ironique, à la manière de Candide, les mots en usage dans la novlangue qui contamine notre métier mais aussi les mots qui seraient porteurs d’une nouvelle conception de l’Université et de la recherche. Une attention toute particulière sera accordée aux faux-amis — ces termes dont la forme est commune aux deux langues, la nôtre et la leur, mais dont le sens diverge.
- un ouvrage (en français puis en traduction anglaise) de création politique sur le système d’Université et de recherche que nous entendons instituer et faire vivre.
Le 5 mars, on arrête tout, on réfléchit…
La candidature collective à la présidence du Hcéres, les prises de position nombreuses dans la presse écrite, les interpellations votées par les conseils d’unités de formation et les laboratoires, mais aussi par certaines sociétés savantes et certaines revues, l’appel à interrompre totalement les activités des universités et des laboratoires le jeudi 5 mars ou le refus, individuel ou collectif, de participer aux vagues d’évaluation en cours, sont autant de signes d’une volonté du monde savant de réaffirmer ses valeurs fondatrices : l’autonomie et la responsabilité vis-à-vis de la société.
Nous co-organisons un troisième séminaire exceptionnel sur l’histoire de l’Université, pensé comme une contribution à ce temps suspendu. La séance est ouverte. Elle aura lieu à l’EHESS, de 17 à 21h, le 5 mars, en salle Lombard, 96 bd Raspail, à Paris, et sera retransmise en direct.
Depuis sa naissance au XIIIe siècle, l’Université a connu une alternance de phases où elle a su se réinventer et se réinstituer, en renouant avec l’idée fondatrice d’autonomie du monde savant, et de reprises en main par le pouvoir. L’histoire politique, sociale et institutionnelle permet de saisir ce qui, dans la situation présente, hérite des siècles passés — il suffit de penser à ce qui persiste de la partition de l’Europe entre systèmes napoléonien et humboldtien. Mais l’histoire fonctionne aussi comme réservoir de possibles. Elle permet de réaffirmer les valeurs fondatrices du monde académique, dans un travail de création politique visant à imaginer un système d’Université et de recherche qui puisse contribuer à affronter la triple crise inégalitaire, climatique et démocratique que traversent nos sociétés.
Nathalie Gorochov : Libertés académiques, contestation et grève dans les premières universités d’Europe (1200-1231).
Christophe Charle : Pourquoi les gouvernements n’arrivent-ils pas à gérer l’enseignement supérieur depuis les années 50 ? Pourquoi les universitaires ne savent-ils pas ce qu’ils veulent et ne savent-ils pas se défendre ?
Emmanuelle Picard : Histoire institutionnelle de la profession académique contemporaine.
Charles Soulié : La refondation de l’université française après 68.
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