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Souffler

En ce jour de solstice d’hiver, nous voudrions vous adresser un message chaleureux et apaisé au milieu des tempêtes qui chahutent nos existences.

Dans la tourmente, il n’y a d’autre boussole que les rationalités en débat, la désintrication des croyances et des savoirs, et l’expérience sensible. Ainsi, nous avons été 2 700 à alerter, dès juin dernier sur la nécessité de reconstituer un arsenal sanitaire large et d’investir dans la qualité de l’air pour éviter la vague de variant Delta comme l’irruption d’une souche mutante présentant un contournement immunitaire. La vague d’Omicron est devenue un fait, et non un simple possible, montrant une fois de plus la capacité de véridiction des analyses scientifiques qui ne se laissent enfermer ni dans le scientisme ni dans le déni des faits. L’appel est plus que jamais pertinent et demeure ouvert à la signature.

Il nous faut chercher l’apaisement, malgré la tentation de dresser des bilans et d’énumérer les tentatives qui montrent simultanément l’épuisement de la communauté académique et l’aspiration à sortir de 20 ans, bientôt, d’une politique destructrice pour l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Puissent la mobilisation inédite pour décider des modalités de visite des laboratoires, dans un temps où le Hcéres s’enfonce dans une bureaucratie teintée de néo-maccarthysme, ou les 2 000 soutiens, déjà, à un programme pour le CNRS qui rompe avec le spencérisme revendiqué et pratiqué dans la période récente, nous apporter espoir et courage.

En matière de messages chaleureux, nous sommes frappés par les témoignages d’affection quotidiens à l’endroit de Camille Noûs et de l’élan de vie que cette figure matérialisant la communauté savante porte en elle. Près de 500 chercheurs, qui exercent dans 35 pays, ont déjà signé des articles avec Camille Noûs.

Si vous étiez en recherche d’un cadeau de dernière minute, nous ne saurions trop vous recommander son glossaire du nouveau jargon managérial qui envahit l’Université.

Souffler. Nous, qui enseignons et faisons de la recherche au quotidien, savons les collègues « rincés », à commencer par les plus précaires, par les jeunes chercheurs, en doctorat et en post-doctorat. Dès lors, nous ne pouvons qu’appeler à souffler sans mauvaise conscience, à reprendre des forces, à nous donner du bon temps, du rire, de la douceur et de la joie.