C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière
« Il faut croire que le solstice d’hiver constitue aussi un moment critique dans la vie de l’homme et provoque un nouvel élan des forces vitales. »
Rosa Luxembourg, Lettre à Sonja Liebknecht, 14 janvier 1918
« L’état d’esprit du soleil levant est allégresse malgré le jour cruel et le souvenir de la nuit. La teinte du caillot devient la rougeur de l’aurore. »
René Char, Les Matinaux, 1964
« C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. »
Edmond Rostand, Chantecler, 1910
On veut croire à l’aurore que promet l’an nouveau. On voudrait espérer que les fabricants d’armes ne trouvent plus d’acheteurs, que les autoritarismes politiques et religieux s’effondrent bientôt sous la poussée démocratique, que les firmes exploitant les énergies fossiles commencent à faire faillite, que la nouvelle coalition illibérale et xénophobe ne soit qu’un cauchemar fugace. Cependant, nous ressentons l’exigence de formuler pour cette nouvelle année des vœux qui distillent une joie vive et le goût du réel.
Plus que jamais, il nous faut porter le regard à l’horizon, sans renoncement, sans résignation, sans désespoir et sans compromission. Nous nous et vous souhaitons de respirer librement et de penser sereinement. Ce qui nous asphyxie au premier chef — le règne de la médiocrité, de la foutaise et de l’insignifiance — il est à notre portée de nous en libérer, en nous recréant des environnements respirables. Cela commence par ignorer le spectacle des ministricules changeant ou non de portefeuille fictif, et par rire des bureaucrates qui s’en inquiètent. La certitude de ce que nous sommes comme de ce que nous voulons est le fondement de la résistance que nous opposons au règne du mensonge, de l’illusion et de la désillusion. Elle est la première pierre, inébranlable, sur laquelle nous reconstruisons déjà, silencieusement souvent, l’Université et les cadres collectifs permettant la poursuite de la vérité.
Pour tenir notre souhait d’une année meilleure que les précédentes, manifestons le dimanche 14 janvier et le dimanche 21 janvier pour la liberté, l’égalité et la fraternité, pour les libertés publiques, pour l’idéal démocratique et donc contre la loi instituant la « préférence nationale » votée par la coalition allant de la minorité présidentielle au Rassemblement national.