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Sans loi & sans règle

« Dans le (gouvernement) despotique, un seul, sans loi & sans règle, entraîne tout par sa volonté & par ses caprices. »

Montesquieu, De l’esprit des lois.

Ce billet est consacré au Paris-Saclay-Summit 2025 co-organisé par Le Point, à l’obscurantisme des techno-fascistes et des libertariens coalisés derrière Musk et Milei, à l’annonce d’un rassemblement devant le ministère et à l’urgence de construire un mouvement de solidarité avec les collègues aux USA :

https://rogueesr.fr/in-solidarity/

Nous appelons à nouveau les associations, les collectifs, les revues, les sociétés savantes et les syndicats à s’engager dans le mouvement #InSolidarity.

« Le chef coupa court à la polémique :
— Ça va comme ça ! Assez de bavardage ! Rhinocéros ou non, soucoupes volantes ou non, il faut que le travail soit fait. »

[…]

« Les troupeaux de rhinocéros parcourant les rues à toute vitesse devinrent une chose dont plus personne ne s’étonnait. Les gens s’écartaient sur leur passage puis reprenaient leur promenade, vaquaient à leurs affaires, comme si de rien n’était. »

Ionesco

Brève : Enquête 2025 sur le financement de la recherche

Les sociétés savantes académiques vous invitent à remplir leur questionnaire en ligne :

https://societes-savantes.limesurvey.net/121783

Défense des sciences et de l’Université : rassemblement devant le ministère, le mardi 11 février à 12h

L’intersyndicale et divers collectifs, dont le nôtre, appellent à un rassemblement devant le ministère, rue Descartes, le mardi 11 février à 12h, à l’occasion de la réunion du CNESER.

Nous appelons à défendre le savoir, les sciences, le rationalisme, la liberté académique et l’Université comme piliers d’une société démocratique. Nous ne pouvons rester silencieux devant les autodafés numériques, la mise au pas des universitaires par la menace, le blitzkrieg mené par Elon Musk et sa jeune garde de techno-fascistes du Département de l’efficacité gouvernementale — US Department of Government Efficiency temporary organisation ou DOGE, un département temporaire dont le statut exécutif fédéral est discutable, faute d’approbation par le Congrès — qui placent l’État fédéral américain hors du contrôle parlementaire. Nous rappelons l’adresse à laquelle signer la lettre de solidarité avec nos collègues travaillant aux États-Unis, à partager (#InSolidarity) :

https://rogueesr.fr/in-solidarity/

Nous rappelons, enfin, l’urgence à tisser des réseaux de solidarité effective pour contrer les destructions en cours et à venir, pour rouvrir l’horizon, et pour nous mettre au travail programmatique de ré-institution démocratique de la recherche scientifique et de l’Université.

Nous appelons avec solennité et gravité l’ensemble des organisations de l’enseignement supérieur et de la recherche (Académie des sciences, collectifs, revues, sociétés savantes, syndicats, etc.) à organiser une nouvelle « marche pour les sciences » contre l’obscurantisme d’extrême-droite.

« La mer et son rivage, ce pas visible, sont un tout scellé par l’ennemi, gisant au fond de sa même pensée, moule d’une matière où entrent, à part égale, la rumeur du désespoir et la certitude de résurrection. »

René Char

Quand Saclay et l’X soutiennent la désinformation et les coups portés à la science par l’extrême-droite libertarienne

Cette semaine, Le Point célèbre à sa une les menées du président d’extrême-droite argentin. Nulle surprise pour cet hebdomadaire, qui est le relais en France depuis des années de l’idéologie « libertarienne » et fait d’Elon Musk l’un de ses héros. Javier Milei s’apprête à démanteler le Conicet, l’équivalent argentin du CNRS, et à porter un coup fatal à la recherche publique dans son pays, déjà amputée d’un tiers de ses moyens depuis sa prise de pouvoir. Le décret annoncé comporte une baisse drastique de budget, la fin du statut de fonctionnaire et le transfert de la gestion des 26 000 agents aux provinces ou, pour les SHS, aux universités. On reconnait… le programme prévu pour la LRU 2.0.

Sur la couverture du Point, au-dessus de Javier Milei, on trouve mention d’un événement de science-washing coorganisé les 12 et 13 février par la région Île-de-France, le Département de l’Essonne et Le Point, dans le cadre d’un partenariat avec l’Université Paris-Saclay et l’Institut Polytechnique de Paris. Le CNRS avait, en 2017, rompu sa collaboration avec Le Point à l’occasion d’un meeting confusionniste similaire, baptisé Futurapolis, où figurait le complotiste antivax I. Aberkane, un usurpateur qui avait été lancé dans la sphère publique par deux unes de l’hebdomadaire. On retrouve pourtant dans cette grand-messe politicienne de Paris-Saclay animée par Le Point, le CNRS aux côtés du CEA, de l’Ifremer, de l’Inrae, de l’Inria, de l’Inserm, de l’IRD et de l’Onera.

Il ne s’agit pas seulement d’une violation du principe de neutralité des établissements d’enseignement supérieur et de recherche publics — rappelons au passage que les universitaires bénéficient, quant à eux, de la liberté académique. Dans le temps même où les sciences états-unienne et argentine sont mises à sac par l’extrême-droite « libertarienne », la collusion avec un hebdomadaire qui assure la promotion de cette idéologie en France est incompatible avec l’éthique académique la plus élémentaire. Pour qui aurait le bonheur d’ignorer l’étendue de la désinformation scientifique pratiquée par l’hebdomadaire Le Point sur le climat (notamment dans les chroniques de D. Raoult), l’environnement, la santé, la biologie, la génétique et l’évolution, nous avons préparé une synthèse sur une page séparée,

https://rogueesr.fr/le-point/

S’il faut éviter de permettre à cet hebdomadaire de jouer les martyrs de la cause du free speech libertarien — cette fausse liberté de dire n’importe quoi et de désinformer — il nous appartient d’alerter les scientifiques prévus au programme d’une potentielle complicité avec l’extrême-droite anti-science. Nous les invitons à se faire porter pâle, voire à remplacer leurs exposés par un soutien aux collègues états-uniens et argentins menacés et par une invitation aux Lumières, à la démocratie, à l’humanisme et à la raison contre les ténèbres libertariennes.

« Je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de choses. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois mal composé). À ceux-là, il faut répondre : C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement de doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de choses, dis-tu. Oui, c’est peu de choses. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »

Jean Paulhan, Cahiers de la Libération, n°3, février 1944, L’abeille

Le « libertarianisme », une barbarie obscurantiste, techniquement équipée

Le coup de force libertarien aux États-Unis vise quatre cibles : la démocratie, les institutions régulatrices, les droits civiques et la science. Nous mettrons progressivement en ligne des articles de presse documentant les autodafés numériques perpétrés par les « DOGE thugs » (la jeune garde d’Elon Musk) qui visent aussi à intimider et à sidérer par le déploiement d’un imaginaire de méchants de Marvel Comics. Beaucoup découvrent, à cette l’occasion, cette extrême-droite prédatrice qui se qualifie de « libertarienne » ou d’« anarcho-capitaliste » — la seule liberté promue par ce libertarianisme, qui inspire les milieux d’affaires français, est la liberté de prédation intégrale et de création de zones « libres » exemptes de tout contrôle démocratique.

Avant d’en venir à leur corporate coup, l’extrême-droite libertarienne a déployé des stratégies « métapolitiques » contradictoires et complémentaires pour investir et noyauter le champ intellectuel, l’Université et la recherche. On estime à un milliard de dollars par an les sommes investies dans la falsification scientifique et le lobbying par les pétroliers (e.g. les frères Koch ou ExxonMobil), par les cigarettiers (e.g. Philip Morris), par l’agrobusiness (e.g. l’Agribusiness Parliamentary Front au Brésil) et par les techno-fascistes de la Silicon Valley. Les réseaux libertariens de désinformation sur l’environnement, le climat et les risques sanitaires comprennent le Cato Institute, le Heartland Institute, le Committee for a Constructive Tomorrow, la Foundation for Economic Education, la CO2 Coalition, le Manhattan Institute, le Ludwig von Mises Institute, le Consumer Choice Center et Students for Liberty. Ces think-tanks sont articulés en réseau par l’Heritage foundation, qui est maître d’œuvre du Project 2025 que l’administration Trump a commencé d’appliquer, et par l’Atlas Network, après que ce rôle a été assuré par l’American Enterprise Institute. La plupart des hommes d’affaires fortunés qui ont financé ce réseau ont appartenu au noyau dur de la John Birch Society pendant la guerre froide. En Angleterre, les think-tanks les plus connus sont la TaxPayers’ Alliance, l’Adam Smith Institute, l’Institute of Economic Affairs, et Policy Exchange.

L’investissement massif des milliardaires libertariens pour constituer des réseaux de promotion de leurs idées ambitionne de priver la science de sa visée collective et désintéressée de dire le vrai sur le monde. Cette entreprise de démolition de toute éthique intellectuelle et de toute norme de véridiction, accompagnée d’une valorisation du conflit d’intérêt comme norme positive, a ceci de dangereux qu’elle use du retournement du réel en reprenant à son compte la rhétorique du progrès et de la raison.

Ces lobbies pratiquent le science-washing en s’infiltrant dans des lieux académiques prestigieux, comme le montre cette semaine encore le Paris-Saclay Summit.  Ils promeuvent la dérégulation des normes de véridiction scientifiques au nom du free speech de sorte que la propagande suprémaciste, eugéniste, masculiniste, antisémite mais aussi la désinformation scientifique puissent s’exprimer au même titre que la pensée libérale modérée. Ainsi, la revue Inference du tycoon suprémaciste Peter Thiel mêle des articles de scientifiques reconnus, rémunérés 5 000 dollars, et des articles de falsification sur le climat ou l’évolution. L’un des hommes d’affaires libertariens féru d’éducation, M. Goodrich, formulait déjà cette thèse dans les années 1970 : « les libertés académiques sont en réalité un déni de liberté. » L’un de ses think tanks, Liberty fund, propose au format numérique une bibliothèque des écrits « libertariens », avec cette philosophie : « Il n’y a aucune raison qu’une bibliothèque universitaire contienne plus de 5 000 ouvrages, pourvu que ce soit les bons ouvrages. » En février 2021, le vice-président J.D. Vance lançait une déclaration de guerre aux sciences et à l’Université en en faisant un point de jonction entre paléo-conservatisme et libertarianisme  : « We have to honestly and aggressively attack the universities in this country. (…) The Universities are the enemy. (…) The professors are the enemy. »

L’extrême-droite libertarienne promeut une technophilie solutionniste susceptible de séduire les milieux scientistes, et en même temps la falsification, l’obscurantisme, la manipulation, la destruction des principes de l’Université. Si elle est associée de longue date au climato-négationnisme et aux falsifications scientifiques qui touchent aux régulations agro-industrielles, elle prétend également détenir la « solution » au réchauffement climatique, en mêlant eugénisme, racisme et malthusianisme — d’où son obsession à prétendre à une origine génétique de l’intelligence, associée à une héritabilité du QI.

Comment le libertarianisme est-il passé d’une secte fondamentaliste, groupusculaire avant le Tea Party et la crise financière de 2007-2008, à la prise de contrôle de l’État fédéral étasunien ? Les politiques libertariennes ont reçu le soutien du secteur rentier de l’économie, donc des grandes entreprises technologiques, des industries énergétiques et du secteur financier, qui encouragent dérégulation et privatisations pour capter des sources de valeur et extraire des profits. Dans un jeu à somme nulle, le libertarianisme repose sur une prédation étendue à tous les secteurs de la société — système de santé, système scolaire, recherche, industrie spatiale, armée, etc. Il s’appuie sur une logique de rente particulièrement évidente dans les grandes entreprises du numérique, dont le modèle économique est fondé sur la vassalisation du secteur productif, rendu dépendant de leurs outils. 

L’extrême-droite a trouvé dans le libertarianisme promu par Elon Musk, Peter Thiel ou Javier Milei une doctrine économique à sa mesure, naturalisant les inégalités et justifiant les politiques de destruction des services publics et de paupérisation du plus grand nombre. Réciproquement, les milieux d’affaires libertariens ont trouvé à l’extrême-droite un imaginaire qui suscite l’adhésion et le mouvement de majorités électorales. La volonté des techno-fascistes libertariens de mettre fin à la démocratie, à toute régulation, aux droits civiques et à la science comme commun de la connaissance, s’explique par la stagnation économique qui a résulté de décennies de « politique de l’offre ». Cette politique a naturellement été soutenue par le secteur concurrentiel de l’économie, qui dépend des aides publiques pour maintenir ses taux de profit en période de stagnation. En ce sens, la « solution » libertarienne est la réaction du néolibéralisme à sa propre crise — une « solution » qui ne répond à aucune des crises réelles qui frappent les sociétés occidentales, pas même à celle du système de production.

« There are two ways of spreading light : to be the candle or the mirror that reflects it. »

Edith Wharton

Austérité et LRU 2.0

L’émotion suscitée par l’attaque virulente et rapide contre la science aux États-Unis ne doit pas nous faire oublier les menaces contre l’Université et la recherche en France. Les motifs de mobilisation sont nombreux devant le ministère, le mardi 11 février à 12h.

Nous devons défendre l’investissement dans la recherche et l’Université, pour juguler le décrochage économique, scientifique et technique engendré par 20 ans de réformes bureaucratiques et managériales, et pour faire face à la crise climatique et à l’effondrement du vivant. L’enseignement supérieur et la recherche vont subir des coupes budgétaires profondes. Le projet de loi de finances initial prévoyait une baisse de 1,3 milliards d’euros pour le budget de l’ESR (une fois l’inflation prise en compte) dont 430 M€ pour la charge de service public et un plafond d’emplois en baisse vertigineuse de 4 900 postes. Peu de surprise pour quiconque a suivi nos analyses au moment de l’examen de la loi de programmation pour la recherche. Les amendements du gouvernement Bayrou ont creusé un peu plus le budget de 630 M€, auxquels il faut ajouter la suppression de 535 M€ de crédits de la mission « Investir pour la France de 2030 ». Il faut encore attendre la parution des documents budgétaires, mais les coupes seraient de l’ordre de 2,5 milliards d’euros. En parallèle, la seule évolution du Crédit d’Impôt Recherche (CIR, qui a couté 7,6 milliards d’euros en 2024) est la suppression du statut « jeune docteur » qui incitait financièrement les entreprises à embaucher de jeunes chercheurs. À Bordeaux-Montaigne, Brest, Clermont-Ferrand, Nantes, Paris-I, Rennes-2 et Tours, un début de mouvement étudiant se lève. Il est extrêmement important de faire usage de ce qui nous reste de notre liberté d’expression en informant par tous les moyens étudiantes et étudiants que l’Université est mise délibérément sur la paille.

Un autre motif puissant de rassemblement le 11 février est de mettre un terme aux derniers volets de démembrement de l’Université mis en œuvre sous l’appellation LRU 2.0. Rappelons ses trois dimensions :

  • Démantèlement des organismes de recherche pour affecter les chercheurs aux « universités de recherche ». Les KeyLabs s’inscrivent dans cette logique de transfert des moyens. Le nom changera peut-être : le Hcéres, à la tête duquel Mme Coralie Chevallier vient d’être nommée, sera peut-être chargé du déclassement bureaucratique de x% des laboratoires, mais l’objectif ne sera pas abandonné.
  • Liquidation des statuts des universitaires et des chercheurs pour les remplacer par une contractualisation dérégulée, sous contrôle des managers d’établissements universitaires (Udice).
  • Dérégulation des frais d’inscription. C’est vers cet objectif que tend la mise en crise budgétaire volontaire, alors même que l’argent public est massivement détourné vers des dispositifs inefficaces (alternance, CIR, etc.).

N’oublions pas que l’étape ultime de la destruction en cours sera la privatisation des universités rentables et pourvues de chercheurs performants, à l’occasion d’une crise socio-économique ou d’un blitzkrieg muskien suite à l’accession au pouvoir d’une coalition droite/extrême-droite.

Brève : vidéos du séminaire Politique des sciences

La rentrée du séminaire Politique des sciences a porté sur l’actualité de la recherche sur l’extrême-droite et l’autoritarisme. Vous pouvez retrouver le séminaire sur la chaine youtube de PdS :

Michel Feher

Estelle Delaine

Quinn Slobodian

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« Moratoire » — Vaste programme !

« Une aube apparaît, elle est encore bien grise. »

Geneviève de Gaulle Anthonioz

Le succès de la motion de défiance, qui a passé les 11 000 signatures, et des deux rassemblements du 27 janvier constituent un signe indicatif de ce que la communauté académique a les ressources pour sortir de la stupeur et de l’accablement et se mettre au travail pour rouvrir l’avenir. Nous avons, lors des billets précédents, replacé la réforme des KeyLabs dans le continuum de réformes à 20 ans et montré en particulier comment elle s’articule avec le projet de « Loi relative aux libertés et responsabilités des universités » (LRU) 2.0, baptisé par antiphrase « second volet de l’autonomie », qui suppose la mise en crise budgétaire de l’Université et le démantèlement du CNRS par sa transformation en agence de programmes. Concernant le moratoire sur les KeyLabs annoncé cette semaine, nous pouvons tenter de formuler une analyse en réduisant les différentes étapes du raisonnement à leurs 25% les plus significatifs. Et de fait, il se pourrait bien qu’exceptionnellement, cela suffise :

Udice

Démantèlement du CNRS

Captation du budget et des stars de la recherche

Passage en force estival

Sidération

Le cœur de ce billet porte sur une proposition de réappropriation collégiale des principes qui doivent définir ce qu’est un « bon laboratoire » et sur un message de solidarité à l’égard de nos collègues vivant aux États-Unis.

Nous apportons, sur une page séparée, une série de compléments d’information et d’analyse destinés à celles et ceux qui ont le goût des argumentaires complets ou auraient raté des épisodes :

« On ne se bat bien que pour les causes qu’on modèle soi-même et avec lesquelles on se brûle en s’identifiant. »

René Char

Instituer le label C-Lab pour certifier la collégialité, l’intégrité, l’éthique et la liberté des labos

Pour favoriser une réappropriation collective de nos laboratoires, nous invitons la communauté à réfléchir aux principes qui définissent un « bon laboratoire », de façon à déboucher sur un label volontaire d’intégrité et de collégialité : C-Lab

Le point de départ de cette démarche est le respect des principes qui fondent l’Université moderne, entendue dans son sens le plus large, qui recouvre bien sûr les organismes de recherche : la communauté de pratique qui fédère des lieux d’interrogation et d’élaboration rationnelle illimitée, des lieux où les connaissances scientifiques et techniques se créent, se transmettent, se conservent et se critiquent, dans et par l’exercice de la dispute raisonnée.

Bien sûr, tout ceci implique de se détourner du personal branding et des Ego Labs stimulés par la course aux ERC, et de refuser la précarité croissante qui fragmente les collectifs : nous devons réapprendre à dire « Nous ». Ce « Nous » de la communauté académique doit transcender à la fois le carriérisme et les légitimes passions individuelles. Il s’exprime dans la circulation de l’information, la coopération entre personnes, entre unités de recherche, entre disciplines, entre lieux géographiques, entre pays. C’est d’abord ce « Nous » que nous entendons dans la clameur qui dit « Nous ne voulons pas des Keylabs. » C’est aussi ce « Nous » qui se donne à voir dans les centaines d’articles cosignés par Camille Noûs ou, plus discrètement, attribués au laboratoire Cogitamus. Ce « Nous » ne revendique pas une liberté abstraite et irresponsable : la liberté académique est une liberté positive

Depuis le travail de théorisation auquel se livra Humboldt au début du 19ème siècle, on sait que la liberté académique s’organise dans des espaces soumis aux normes de probité et de rigueur que la communauté des pairs choisit de se donner, et qu’elle renégocie perpétuellement, à l’abri de l’ingérence de tous les pouvoirs. Ce que ne disait pas Humboldt et qu’il nous faut ajouter, c’est que cette liberté passe aussi par un statut uniformément protecteur. Cette autonomie procède directement de la responsabilité du monde savant devant la société : aucune organisation collective de la liberté n’est possible si les espaces dédiés à la poursuite de la vérité et à la production et à la diffusion des connaissances et des techniques sont bridés dans leur fonctionnement par des contraintes exogènes ou des intérêts particuliers. 

Intégrité scientifique, autonomie statutaire et financière vis-à-vis de tous les pouvoirs, responsabilité démocratique accrue en contexte de crise environnementale : ce triptyque servira de base à la création du label C-Lab, qui pourra être attribué aux laboratoires s’engageant à respecter une charte issue de la consultation la communauté savante. Cette attribution ne saurait être le fait d’un comité théodule coopté : elle devra reposer sur la libre souscription à la charte des C-Labs. 

Pour contribuer à cette réflexion et partager vos idées, nous vous invitons à remplir ce formulaire
(cliquez pour déplier).

Ce label fonctionnera également comme une contre-attaque au concept de KeyLabs : l’heure n’est plus seulement à s’opposer, mais à construire et à déterminer collectivement quelles sont nos aspirations. Au-delà de la contre-attaque, nous voulons donc dessiner un horizon alternatif crédible, débarrassé des impératifs quantitatifs imposés par la bureaucratie.

« Ce que le fascisme haït plus que toute autre chose : c’est l’intelligence ; le fascisme on le soigne en lisant, et le racisme en voyageant. »

Miguel de Unamuno

En soutien aux collègues des États-Unis

Vous pouvez signer la lettre de soutien ci-dessous à l’adresse suivante :

https://rogueesr.fr/in-solidarity/

Dear Colleagues in the USA,

We wish to express our unwavering support for you during these alarming times. From our positions as researchers and academics in Europe, we are observing with dismay the takeover of the federal government by Mr. Musk and Mr. Trump. They appear intent on dismantling democratic institutions and regulatory bodies, particularly in the realms of health, environment, and climate.

Far more so than during the first term, the initial decisions of the Trump administration have exerted an immediate and profound impact on research within the United States. Hiring, travel, grant evaluation committees, equipment purchases, and virtually all activities that make research possible have either been frozen or are at risk of being frozen, creating significant uncertainty.

The disruptions will have lasting effects on research in the United States. As John Holdren, the former U.S. science adviser, noted, “If somehow they get away with this, the disruption is almost incalculable.”

Hundreds of scientists have organized rallies and called on elected officials to reverse these decisions. The resilience and dedication of the scientific community are evident. Your work is vital for the creation, dissemination, and critique of knowledge on a global scale; it will represent an essential contribution to the broader project of rebuilding a democratic future based on self-determination.

Please be assured that we stand in solidarity with you and are willing to help in your actions to defend democracy, academic freedom, science, and scientific research.

In solidarity,

[Your name]

Vous pouvez signer la lettre de soutien ci-dessus à l’adresse suivante :

https://rogueesr.fr/in-solidarity/

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Compléments d’information et d’analyse sur les KeyLabs et le budget

Cette page propose un compte-rendu de mobilisation, des informations et des analyses en complément de nos précédents billets concernant les KeyLabs, qui demeurent pleinement valides :

Tirer le frein d’urgence — ballons d’essai

Des Keybabs aux Cinque Stelle

Comprendre la réforme des KeyLabs

KeyLabs : quatre points centraux du continuum de réformes

Mobilisation : Préférer la reconstruction collective aux ingérences solitaires

Le succès de la motion de défiance témoigne du rejet suscité par le retour d’un serpent de mer de la droite managériale : le contrôle bureaucratique des laboratoires par l’attribution de notes déterminants les postes de soutien technique et administratif alloués. Ce rejet se fonde bien-sûr sur la violation des principes premiers de la science mais aussi sur l’arbitraire, le clientélisme et le contrôle politique qu’encourage le dispositif. Les rassemblements devant le siège du CNRS et le Collège de France constituaient une étape vers un engagement plus fort. Rogue a choisi de soutenir divers collectifs pour contribuer à réparer l’écosystème universitaire et scientifique. Dans une période de morcellement et d’anomie, toutes les actions aspirant à restaurer le « Nous » de la communauté académique doivent se conjuguer. Il n’y a pas de tension entre unité et pluralisme, et le succès de cette pétition le prouve.

Corrélativement, nous devons porter un jugement sans concessions sur les inévitables menées solitaires, qu’elles émanent de tel ou tel président d’université ou d’un quarteron d’académiciens en retraite. Vingt ans de recul nous renseignent assez sur la façon dont ce type d’initiative teintée de self-branding et de tentation prédatrice facilitent toujours les réformes et contribuent in fine à la plongée vers le désastre. Nous avons besoin de renouer avec les principes de collégialité, de concertation, avec les mœurs, les règles, les standards éthiques qui doivent prévaloir en lieu et place de la mise en concurrence généralisée et du nouveau mandarinat managérial.

« POZZO. — Éloignez-vous. (Estragon et Vladimir s’éloignent de Lucky. Pozzo tire sur la corde. Lucky le regarde.) Pense, porc ! (Un temps. Lucky se met à danser.) Arrête ! (Lucky s’arrête.) Avance ! (Lucky va vers Pozzo.) Là ! (Lucky s’arrête.) Pense ! ( Un temps.)

LUCKY. — D’autre part, pour ce qui est…

POZZO. — Arrête ! (Lucky se tait.) Arrière ! (Lucky recule.) Là ! (Lucky s’arrête.) Hue ! (Lucky se tourne vers le public.) Pense ! »

Samuel Beckett

Moratoire et porte-au-nez : la chronologie des faits

Avant d’analyser pourquoi le moratoire est une accélération du programme de démantèlement du CNRS et de mise en pièce du tissu universitaire, il importe de replacer les faits dans leur chronologie.

Les 10 et 17 janvier 2025, l’association France Université demande un moratoire sur les KeyLabs. En latin, moratorius signifie « un délai » ou « un retard », mais en aucun cas un arrêt. Le Père Deneken, président de l’Udice, avait tenu à accorder son nil obstat, manifestant par là l’harmonie générale des différentes branches de la bureaucratie : « Le débat est clos, arrêtons de parler de concurrence. Quand j’ai vu ce matin ce projet d’UMR cinq étoiles, je me suis dit que nous allions construire cela ensemble avec le CNRS, pour tirer la France vers le haut ». Le mot clé, ici, est « ensemble » : les présidences d’universités veulent participer au grand jeu de destruction de l’écosystème de recherche et non le subir. Dans le vide du langage managérial, cela se dit : « les universités sont cheffes de file ».

Le 24 janvier, le cabinet ministériel laisse filtrer son mécontentement. Les méthodes bruyantes et inefficaces de M. Petit dans la « conduite du changement » irritent : elles mettent en péril deux éléments fondamentaux de la ligne politique générale, auxquels les KeyLabs pourraient contribuer : la mise au pas des laboratoires par des notes et la concentration des moyens sur les laboratoires d’une dizaine d’« universités de recherche » — celles dont la bureaucratie s’est coalisée au sein de l’Udice. Tonalité : « si on veut concentrer les moyens sur quelques labos, on ne le dit pas ! On le fait. » Le ministre s’est même dit prêt à limoger le PDG du CNRS au printemps pour arrêter la mobilisation naissante avant qu’elle ne s’étende à l’Université.

Le 27 janvier, quelques minutes après la fin du rassemblement au siège du CNRS, M. Petit annonce aux directeurs de laboratoire de chimie un moratoire sur les KeyLabs, le temps de parvenir à des accords avec les présidences d’universités. Il s’agit, de son point de vue, de permettre à ces présidences d’ajouter quelques laboratoires, importants pour leur réélection et leurs réseaux clientélistes, à la liste des KeyLabs.

Le 29 janvier, M. Petit, hors de lui, se livre à une séance de molestage verbal des directrices et directeurs d’unités prenant leur fonction, confirmant dans l’emphase ce secret de polichinelle : il pense le moratoire comme une porte-au-nez. Il espère le soulagement, voire le soutien de la moitié de la communauté académique si la fraction de KeyLabs était relevée à 40 ou 50% au lieu de 25%.

Le 29 janvier encore, le président de Saclay se décide à suivre ses collègues de l’Udice et à annoncer ne pas négocier avec M. Petit. Pourtant, le même jour, les termes de cette même négociation nous parviennent. Sans surprise, il s’agit d’étendre à la marge du nombre de KeyLabs, témoignant de la marche forcée vers le définancement des laboratoires hors « universités de recherche » :

https://rogueesr.fr/wp-content/uploads/2025/01/KLParisSaclay.pdf

Le 30 janvier, ce choix d’un moratoire est annoncé par le ministre après des échanges avec « le CNRS, la communauté et les parties prenantes ». La forme trahit le fond : nous — la communauté — ne sommes donc pas « partie prenante ». Le moratoire est destiné à une « concertation avec l’ensemble des partenaires des unités du CNRS ». « On peut être une excellente unité de recherche et ne pas être associé au CNRS » a-t-il expliqué.

Pour quelques KeyLabs de plus : le moratoire est une accélération

Il nous faut repartir de leur plan général de transformation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il s’agit de transformer l’essentiel des établissements universitaires en Colleges et de concentrer la recherche dans une dizaine d’établissements pilotés par des board of trustees. Le financement passe par la dérégulation des frais d’inscription et la gestion par une contractualisation autorisant toute modulation entre enseignement pur et recherche pure. Voilà le cœur de la LRU 2.0 : démantèlement du CNRS et transfert des personnels aux universités, suppression du statut de fonctionnaire et dérégulation contractuelle, mise en crise budgétaire et augmentation des droits d’inscription.

Les échanges au sein du cabinet ministériel le confirment : les KeyLabs allaient dans la « bonne direction », mais imparfaitement. L’arbitrage en faveur de l’Udice (le « moratoire ») permet d’accélérer la transformation. Les bureaucrates de l’Udice ne s’en cachent pas : ils veulent le budget des organismes nationaux et récupérer les « meilleurs » chercheurs, les « stars ». Les stars se caractérisent en ceci qu’elles ne font pas de recherche mais ont la confiance des investisseurs et lèvent donc des fonds avec régularité pour embaucher les petites mains qui produisent la science. Ces petites mains, personne ne semble plus ni se soucier de les former, ni de leur offrir un avenir. La pensée magique du nouveau management de la recherche repose sur cette croyance obscurantiste : il suffit d’« attirer les meilleurs ». On comprend comment ce dogme qui flatte les imbéciles a provoqué le décrochage scientifique et technique du pays et coproduit le détournement des moyens publics vers les intérêts privés — 7,86 milliards d’euros de Crédit d’Impôt Recherche, 20,4 milliards d’euros de financement public de l’alternance, auxquels il faut ajouter 7,2 milliards d’euros d’apprentissage.

D’aucuns pourraient se demander : Pourquoi les présidentes et présidents des futurs Colleges universitaires, celles et ceux qui défendent les intérêts de la bureaucratie au sein de France Université, scient-ils avec autant d’ardeur la branche sur laquelle ils sont assis ? Pourquoi M. Petit est-il le pyromane de l’organisme de recherche dont il a la charge ? Il importe de garder en tête que les paramètres personnels, y compris la force de l’autopersuasion, n’ont pas grande importance ici : les bureaucrates étant interchangeables, nous ne pouvons que renvoyer à notre article sur le contrôle des subjectivités  :

Réformes de l’imaginaire social et contrôle des subjectivités

Le middle management n’est décisionnaire qu’en apparence : il doit se conformer « en toute liberté » au désir maître des « investisseurs ». Or malgré les illusions qu’ils se font souvent, les présidents des établissements et même ceux des organismes de recherche ne sont pas fondamentalement autre chose que des middle managers.

Pour cette raison, le mouvement destituant qui s’est installé ces dernières semaines ne se réduit en aucune façon à la personne insignifiante qui se trouve actuellement occuper les fonctions de PDG du CNRS : c’est toute la mainmise des intercesseurs et apprentis « chefs de file » et le système normatif auquel ils obéissent qui est remise en cause par la communauté. Aucun moratoire destiné à marchander quelques KeyLabs de plus avec l’Udice ou à amorcer le transfert des personnels CNRS aux « universités de recherche » ne sera de nature à satisfaire l’exigence qui s’exprime : la refondation de la recherche et de l’Université sur une base collégiale et intègre. Il nous faut donc maintenant passer du moment destituant au moment constituant.

Enfumage budgétaire

Quels sont les moyens supposément accordés aux KeyLabs ? Aucune annonce n’a été faite à ce sujet, alors même que les grands chiffres dénués de sens font ordinairement partie de l’arsenal d’enrôlement. Le lancement de l’IDEx avait été accompagné d’une annonce claironnante de 7,7 milliards d’euros ; celui de la LPR de 25 milliards d’euros. On a pu constater qu’il demeure encore de vieilles gloires de la recherche suffisamment crédules pour déclarer aujourd’hui encore que la LPR fut une loi ambitieuse apportant des moyens — quand nos analyses de l’époque comme les déclarations de Mme Retailleau et M. Germinet témoignent qu’elle fût toujours une loi de dérégulation des statuts, de paupérisation programmée et de bureaucratisation. Les initiatives les plus insignifiantes comme les campus connectés sont accompagnées de grands chiffres — 25 millions d’euros en l’occurrence. Pour les KeyLabs, nada. On ne sait plus ce qu’il y a de plus méprisant entre les promesses d’un rêve frelaté, le story-telling mensonger, et le clash.

Le cabinet ministériel reste pour sa part dans l’ordinaire de la stratégie de désinformation puérile concernant les coupes budgétaires, en omettant l’inflation, en produisant des chiffres bidonnés par assemblage favorable de crédits dépourvus de réalité dans les documents budgétaires — les « jaunes » et les « bleus ». Innovation notable, le conseiller budgétaire formé à la SKEMA Business School a suggéré d’user de l’argument selon lequel repousser la signature des PEPR de 9 mois serait une manière de pérenniser ces programmes, quand il s’agit simplement d’en amputer le budget de 75%. Le projet de loi de finances initial prévoyait une baisse de 1,3 milliards d’euros, une fois prise en compte l’inflation autour de 2,1%, dont 430 M€ pour la subvention pour charge de service public (SCSP). Les amendements gouvernementaux récents prévoient l’amputation des crédits de la mission « recherche et enseignement supérieur » de 630,1 M€ de plus, auxquels il faut ajouter 535 M€ de crédits de la mission « Investir pour la France de 2030 ».

L’Université a été mise sur la paille, faute de soutien conséquent aux initiatives destinées à récupérer les moyens publics dilapidés dans le CIR et l’alternance.

Investir dans la recherche et l’Université, pour juguler le décrochage économique, scientifique et technique

Courte histoire de la mise au pas des laboratoires par des labellisations

Chaque bureaucrate rêve de d’opérer l’une des transformations que ses prédécesseurs ont échoué à mettre en œuvre. Ainsi la loi ORE a refermé l’humiliation du projet Devaquet (si tu savais) et auréolé de gloire pour les décennies à venir le directeur de cabinet de Mme Vidal, M. Philippe Baptiste. L’abandon des labellisation des laboratoires (les notes A+, A, B, C de l’AÉRES) constitue une autre blessure narcissique de la bureaucratie sarkozyste. C’est pour cette raison que M. Coulhon a tenté de se parachuter de l’Élysée à la tête Hcéres, pour le transformer en poste de contrôle et de mise au pas de la recherche. Par un dispositif tactique qui nous donne encore aujourd’hui le sourire, la communauté académique a suffisamment torpillé l’arrivée de M. Coulhon au Hcéres — avec l’aide efficace, il faut le reconnaître avec modestie de quelques-uns de ses ennemis au sein de la bureaucratie — pour qu’il échoue à transformer à nouveau le Hcéres en machine de guerre contre l’autonomie des scientifiques. Plus drôle encore, M. Coulhon, englué dans la médiocrité de cette institution, l’a coulée quand il entendait la transformer en lieu de pouvoir. Avec ses KeyLabs, M. Petit a relevé le gant de la fierté paléo-conservatrice. À l’issue du « moratoire », M. Philippe Baptiste aura-t-il l’idée confinant au génie de confier au Hcéres le soin de mettre en cause tous les 4 ans le label ouvrant droit à la dotation des laboratoires en personnels administratifs et techniques ?

https://rogueesr.fr/supprimons-le-hceres/

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