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Nous, dont un dessein ferme emplit l’âme et le front

Nous, dont un dessein ferme emplit l’âme et le front

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime,
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime,
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.

Victor Hugo, Les Châtiments, 1852.

Premier mai

Quelles que soient nos sympathies associatives, syndicales ou philosophiques, nous avons mille raisons de participer aux rassemblements et manifestations de ce premier mai.

Parce que la crise démocratique a franchi un seuil intolérable.

Parce que nous n’entendons pas nous taire face à l’extrême-droite et au néo-maccarthysme.

Parce que nous sommes attachés au libéralisme politique et en particulier aux libertés publiques, mises à mal depuis des années par des mesures illibérales.

Parce que nous entendons défendre la science et la raison.

Parce que la précarisation de nos métiers et le déficit de postes sacrifient nos capacités d’exploration de la vérité.

Parce que nous réprouvons le projet de démantèlement du CNRS.

Parce que nous sommes attachés à un système national d’Université, et un service public d’enseignement supérieur et de recherche.

Parce que nous revendiquons l’autonomie du monde savant contre sa mise au pas par la techno-bureaucratie.

Parce que nous réprouvons le projet d’augmentation des droits d’inscription.

Parce que nous entendons défendre l’École publique, laïque et républicaine contre les attaques qu’elle subit depuis des années et contre celle qu’envisage le président réélu.

Parce que nous n’acceptons pas la contre-réforme des retraites qui vise à mettre en crise un système à l’équilibre pour des décennies, et à baisser drastiquement le salaire des fonctionnaires.

Parce que la crise climatique est là et que rien n’est fait sinon de la communication.

Parce que « ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ».

Parce que.


Vous trouverez ici une carte vous indiquant les lieux et horaires des rassemblements les plus proches de chez vous.

Fonds et association pour la liberté académique

Les vidéos des interventions et discussions du séminaire Politique des sciences du 17 mars sur l’état de la liberté académique sont en ligne, ainsi que la captation des débats sur l’organisation d’un réseau de solidarité concrète.

Aux avant-postes du danger

Modératrice : Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS (Ceri/Sciences Po)

Alexander Bikbov, chercheur associé au CERCEC (CNRS/EHESS) et au CMH (ENS/CNRS/EHESS)

Catherine Gousseff, directrice de recherche au CNRS (CERCEC/EHESS)

Ahmet Insel, directeur éditorial des éditions Iletisim

Menaces, pratiques, ripostes

Modératrice : Johanna Siméant-Germanos, professeure, ENS Paris

Nonna Mayer, directrice de recherche au CNRS (CEE/Sciences Po)

Olivier Beaud, professeur, Université Panthéon-Assas

Claude Gautier, professeur, ENS Lyon

Bruno Andreotti, professeur, Université Paris Cité

Felix Tréguer, postdoctorant au CERI (Sciences Po/CNRS) et chercheur associé au Centre Internet et Société (CNRS)

Fonder une association : quels objectifs, quels statuts, quels garde-fous ?

Modérateur : Bruno Andreotti, professeur, Université Paris Cité

Cette dernière session était consacrée à débattre des modalités de création d’une association et/ou d’un fonds de dotation.

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Décevoir l’attendu

Décevoir l’attendu

« L’école, la caste, la tradition, avaient bâti autour d’eux un mur d’ignorance et d’erreur. »

Marc Bloch, L’étrange défaite, 1940.

« En cet instant où les politiciens en qui les adversaires du fascisme avaient mis leur espoir gisent à terre et aggravent leur défaite en trahissant leur propre cause, notre réflexion a pour but de libérer l’enfant politique du siècle, en le sortant des rets dans lesquels eux l’avaient corseté. Notre constat prend comme point de départ l’idée que la foi obstinée de ces politiciens dans le progrès, la confiance qu’ils plaçaient dans leur « base politique de masse » et pour finir leur appartenance servile à un appareil qu’ils ne contrôlent pas, ne sont que trois facettes d’une même réalité. »

Walter Benjamin, Thèses sur le concept d’histoire (extrait de la thèse X), 1940.

« Avant que l’étincelle n’arrive à la dynamite, il faut couper la mèche qui brûle. L’intervention, le danger et le rythme du politique sont techniques et non chevaleresques. »

Walter Benjamin, « Avertisseur d’incendie », Sens unique, 1928.

La pénombre s’étend ; nous ne sommes qu’en sursis. Le billet qui suit est divisé en deux parties : un diagnostic et une proposition de ligne de conduite.

Où en sommes-nous ?

Le programme de stabilité transmis par la France à la Commission européenne et portant jusqu’à la fin du quinquennat prévoit la baisse des dépenses publiques de 56% en 2022 à 53,1% en 2027. Il s’agit d’un programme d’austérité sans précédent, qui creuserait les inégalités par une baisse massive des dépenses sociales. L’accroissement délibéré des inégalités a pourtant déjà constitué un moteur important de la poussée de l’extrême-droite en France. Il est également prévu de baisser les investissements publics dans un moment où juguler la crise climatique supposerait au contraire un surcroît d’investissement. Ne pas redonner une perspective à la jeunesse accroîtrait significativement la probabilité d’une victoire de l’extrême-droite dans cinq ans. Comme universitaires, cette situation nous oblige, au-delà même de la défense de nos métiers. Plus que jamais, notre responsabilité devant la société doit s’exercer dans les semaines et les mois qui viennent, pour rouvrir l’horizon.

Le vote par classe d’âge. Les variables prédictives du vote sont le niveau de diplôme et la classe sociale, d’une part, et l’âge d’autre part. Dans cinq ans, pour des raisons démographiques et en l’absence de renversement des dynamiques, la base électorale du bloc gouvernemental deviendra minoritaire, l’extrême-droite ayant par ailleurs un petit temps d’avance sur le mouvement émancipateur.

La porosité du bloc gouvernemental à la phraséologie et aux mesures programmatiques de l’extrême-droite doit être combattue pied à pied. Chacun garde en mémoire la régression des libertés publiques, le harcèlement des réfugiés — et Frontex, et les camps offshore de rétention et de tri — ou la brutalité de la répression des mouvements sociaux, autant de choix qui ont conduit le ministre de l’Intérieur à juger Mme Le Pen « un peu molle » il y a quelques mois.

L’Université et la recherche sont témoins de ces dérives. Parmi les mesures marquantes du quinquennat, on retiendra notamment l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-communautaires, mesure qui figurait au programme de Mme Le Pen en 2017. Peu après, Mme Vidal et M. Blanquer affichèrent leur volonté de « lutter » contre une Université coupable de « complicité intellectuelle du terrorisme » en invoquant la chimère du « wokisme » et l’inénarrable « islamo-gauchisme » supposé « gangréner » le monde académique. Le ministre de l’Éducation nationale ne cache du reste pas sa proximité avec le mouvement du « Printemps Républicain », dont La Voix du Nord a révélé qu’il contribuait également à la campagne de Mme Le Pen. Dans le même temps, M. Macron, qui n’a jamais désavoué ses ministres, jugeait le monde universitaire « coupable » d’avoir « cassé la République en deux », des propos réitérés il y a quelques jours seulement. Enfin, la gestion française de l’épidémie, qui s’achève en roue libre, a été l’occasion d’un mépris constant pour la communauté scientifique, depuis la visite officielle du président à M. Raoult jusqu’à l’obscurantisme des cabinets de conseil. Bilan : 165 000 morts, principalement vieux, pauvres ou fragiles. Du « darwinisme » en acte.

On ne saurait donc souscrire aux déclarations lénifiantes (ici ou ) des bureaucrates et ex-universitaires fidèles à leur ligne d’accompagnement de toutes les dérives depuis 20 ans. Les étudiants étrangers relégués, les collègues harcelés, la jeunesse paupérisée et les collègues précaires sacrifiés auraient à tout le moins justifié que ces appels au barrage ne prennent pas la forme de satisfecits lyriques. C’est la loi du genre : les courtisans de toutes couleurs présentent une unité de façade, pendant que la lutte des places se joue en coulisse.

Alors, que faire ?

Ce tableau préliminaire a de quoi faire baisser les bras. Mais l’alerte est trop sérieuse pour que nous nous autorisions une position de simples spectateurs. L’urgence est de penser le rôle de l’Université et de la recherche dans la société démocratique que nous voulons construire, et de trouver les moyens de mettre en œuvre une évolution émancipatrice sans attendre qu’on nous l’octroie. Nous voulons un système universitaire et scientifique fondé sur l’exigence, l’éthique et la liberté, sur l’articulation entre principe d’autonomie et responsabilité démocratique, sociale, écologique. Cela n’est possible qu’à des conditions budgétaires et statutaires rendant la maîtrise d’un temps long à la communauté académique. Mais cela demande aussi une réorganisation des pratiques collégiales, dans le sens de la transparence, du désintéressement et de la circulation de l’information. Le plan de cinquante propositions élaborées par la communauté universitaire reste notre boussole, dont certains aspects peuvent être mis en œuvre dès maintenant. En instituant dès aujourd’hui les pratiques de l’Université de demain, il s’agit à la fois d’entraver concrètement les contre-réformes, et de construire positivement les fondations du système que nous voulons.

Le préalable indispensable est de reprendre les prérogatives politiques dont nous nous sommes laissés déposséder par la camarilla des présidents, des DGS, des directeurs de cabinets et autres consultants, dont la complaisance pour le gouvernement s’étale maintenant à longueur de journaux. Cela signifie par exemple :

  • convoquer nous-mêmes plusieurs fois par semestre des assemblées générales des universitaires, où les élus soient invités à rendre compte de leur mandat 
  • nous former collectivement aux cadres réglementaires et budgétaires de l’Université et de la recherche, afin de retrouver la capacité de contredire les discours gestionnaires fallacieux 
  • opposer la légitimité des enseignants et administratifs de terrain à l’incurie autoritaire des directions centrales 
  • communiquer largement les documents internes, procès-verbaux, comptes-rendus, etc. pour les mettre à disposition de la communauté 
  • pour les collègues siégeant dans des instances, refuser de voter des documents transmis à la dernière minute ou trop longs pour avoir été lus intégralement par les membres du conseil ou de la commission concernée. 

Parallèlement, nous devons organiser les solidarités concrètes. Le fonds de soutien à la liberté académique, dont les statuts sont en cours d’élaboration, en est un moyen concret et financé, pour parer aux coups durs. Il ne suffira pas. Nous devons pouvoir compter les uns sur les autres au sein de nos établissements et retrouver le goût du collectif. Une association adossée au fonds de soutien constituerait un moyen d’articuler ces réseaux de solidarité. La condition d’existence d’une telle association est l’intérêt d’au moins un millier de collègues (une dizaine par établissement) ; nous en sommes loin à ce jour. L’association aurait à prendre en charge la solidarité avec les collègues menacés à l’étranger et en France, et porterait les exigences de la communauté scientifique concernant la liberté académique, les statuts et les normes et les procédures d’appréciation du travail savant. Il faudrait par exemple obtenir une protection des sources en sciences humaines du même type que celle des journalistes. Il faudrait défendre la non-automaticité de la mise en examen pour diffamation pour empêcher les procès bâillon qui se multiplient. Il faudrait également travailler à l’élaboration d’un statut plus protecteur de la liberté scientifique pour les universitaires et les chercheurs. Dans ce contexte, l’association aurait encore à défendre les droits des chercheurs et universitaires précaires et l’emploi statutaire. L’association servirait à constituer un réseau de solidarité juridique : guide des droits, dispositif de veille et de conseil, répertoire d’avocats « amis » permettant de minorer le problème des frais de justice. Elle permettrait d’exercer une pression sur les présidences pour garantir l’obtention systématique de la protection fonctionnelle. Il faudrait en particulier obtenir son extension aux doctorants. L’association aurait à travailler en bonne intelligence avec les réseaux existants et poursuivant des buts similaires.

Tout cela nécessite du temps, et donc la mise en œuvre d’un nouvel ordre de priorités, impliquant la relégation des activités qui nous assomment mais sont en réalité beaucoup moins urgentes. Si nous ne ré-investissons pas urgemment du temps et de l’énergie dans la constitution d’une Université émancipatrice, alors nous la perdrons durablement.


À titre informatif, le texte que nous avions écrit au cas où Mme Le Pen serait élue peut être consulté à cette adresse :

https://rogueesr.fr/entrer-en-resistance/

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Is our planet great again ?

  1.  Une nouvelle procédure bâillon, intentée par l’IFOP

Les procédures bâillon visent à intimider, à faire perdre du temps et de l’argent et à faire commettre des erreurs aux chercheurs visés. Il arrive le plus souvent qu’elles portent délibérément sur des propos secondaires, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, ce qui conduit encore certaines présidences à refuser la protection fonctionnelle. Pourtant, la protection fonctionnelle est de droit en cas de poursuites pénales dès lors que les faits avérés n’ont pas le caractère d’une faute personnelle.

Deux procédures bâillon intentées par des chercheurs devraient être jugées ce mois-ci, ce qui donne l’ampleur nouvelle du phénomène. Il s’agit de violations majeures de l’éthique scientifique : les tentatives de judiciarisation du débat scientifique à des fins d’intimidation sont inacceptables. Nous reviendrons dans un prochain billet sur l’association et le fonds de défense de la liberté universitaire : nous encourageons dès maintenant les collègues au reversement partiel (voire intégral) des primes C3 du RIP E-C au fonds de dotation. Les dotations ouvrent droit à une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66 % du montant des dons dans la limite de 20 % du revenu imposable.

Alors qu’il s’apprêtait à publier son livre 10 Leçons sur les sondages politiques chez De Boeck, notre collègue Alexandre Dezé a appris qu’il faisait l’objet d’une plainte pour diffamation de la part de l’IFOP pour les propos suivants, tenus dans Le Monde du 11 septembre 2020, à propos d’une enquête de l’institut de sondages portant notamment sur le rapport des musulmans aux attentats de Charlie Hebdo : « Avec un échantillon aussi faible, de 515 personnes, ce sondage n’a aucune valeur et ses conclusions sont discutables. La faiblesse méthodologique est délirante et en même temps il y a une croyance indéboulonnable que ces sondages sont de la science ». Les critiques scientifiques des sondages d’opinion en soulignant les faiblesses méthodologiques et le caractère pseudo-scientifique ne sont pourtant pas une nouveauté.

Pour soutenir notre collègue, vous pouvez signer la lettre initiée par la section 04 du CNU :

https://semestriel.framapad.org/p/soutien-a-alexandre-deze-9tfq?lang=fr

  1.  Is our planet great again ?

Le GIEC vient juste de publier un nouveau rapport sur l’état des émissions de CO2 et sur les moyens nécessaires pour les réduire à temps, une occasion pour nous de revenir sur la responsabilité de la communauté scientifique devant la société :

https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_SummaryForPolicymakers.pdf

Jamais autant de gaz à effet de serre n’a été émis que lors de la dernière décennie. Elles sont de 54 % supérieures à ce qu’elles étaient en 1990, lorsque les négociations internationales sur le climat ont commencé. Les 10 % les plus riches sont à l’origine de 40 ± 5% de ces émissions contre 14 ± 1 % pour la moitié de la planète la plus pauvre. Une large majorité des flux financiers privés et publics dans le domaine énergétique irrigue les industries fossiles — et continue de produire une désinformation scientifique, comme le montre la licence BNP-Paribas de PSL. Les trajectoires actuelles conduisent a minima la planète vers une hausse moyenne de + 3,2°C d’ici à la fin du siècle. Il est désormais clair que la réallocation du capital nécessaire à la transition bas-carbone nécessite un interventionnisme politique fort, aujourd’hui totalement absent en France et ailleurs.

Il y a tout juste 5 ans, le 22 Avril 2017, « jour de la Terre » et du premier tour des élections présidentielles en France, plus d’un million de personnes dans le monde ont participé à une March for Science dans le but d’affirmer la valeur de la science, en réponse à l’obscurantisme de Donald Trump. Le candidat Macron, surfant opportunément la vague de ce mouvement, avait dans le cours de sa campagne invité dans une vidéo les scientifiques étasuniens à venir trouver refuge en France. Cette opération de communication lui avait permis de se poser en défenseur d’un libéralisme politique éclairé et écologiste, et d’obtenir le soutien d’une partie de la communauté universitaire.

C’est dans le sillage de cette première opération de communication, et après son élection, que M. Macron a lancé son fameux slogan « Make our planet great again », qui fut un succès international (jusqu’à être consacré « champion de la terre » par l’ONU en 2018) sans que quiconque ne sache de quoi il retournait, si ce n’est la promesse de sauver la planète et les scientifiques.

Cinq ans après, la France ne respecte pas les engagements climatiques de l’accord de Paris. La promesse de fermer la totalité des centrales à charbon avant la fin du mandat n’a pas été tenue et des alliances toxiques avec des États soutenant le recours au gaz fossile ont été nouées. Plusieurs dizaines de milliards d’euros d’argent public français ont été accordés aux énergies fossiles (pétrole et gaz) et la France est le seul État européen à ne pas avoir rempli ses objectifs de développement des énergies renouvelables. La crise sanitaire a été l’occasion de transferts massifs (des dizaines de milliards à nouveau) vers les secteurs aérien et automobile. Les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports ont stagné et le démantèlement du réseau ferré secondaire s’est accentué. Autre préoccupation environnementale, la biodiversité n’a connu, elle-aussi, que des discours sans lendemain.

La convention citoyenne pour le climat à été l’occasion de mettre en œuvre l’une des techniques de néo-management destinées à occuper les contestataires et à fabriquer le consentement : la comitisation, équivalent des « groupes de travail » à l’échelle de la société. Cette « convention » a été organisée par le cabinet de conseil Eurogroup pour 1,9 million d’euros et préparée par un livrable du cabinet Boston Consulting Group (BCG). Les recommandations principales, pourtant très encadrées par les recommandations d’« experts » sélectionnés, n’ont pas été suivies d’effet, pas plus que celles du Haut Conseil pour le Climat, qui a occupé plusieurs scientifiques reconnus sur les questions climatiques.

« Make our planet great again » a consisté en un appel à projet co-financé par le CNRS, d’un montant total de quelques millions d’euros, à comparer aux 3 milliards du budget du CNRS. L’appel a conduit à financer une poignées de contrats précaires pour quelques scientifiques, pour l’essentiel des français partis en post-doc et trouvant dans cet appel une occasion de retour en France. L’impact de l’appel sur l’activité scientifique n’a pas été évalué, pas plus que le désinvestissement massif dans les universités et les organismes de recherche opéré pendant la même période. Aucun organisme de recherche et aucun établissement d’enseignement supérieur n’a été sollicité par l’exécutif ou le ministère pour travailler, sur des bases scientifiques, à la question de la transition écologique, que ce soit pour ces établissements eux-mêmes ou pour le reste de la société. Le CNRS, co-animateur de l’appel à projet « Make our planet great again », n’a même pas fait l’effort de produire son bilan de gaz à effet de serre, conformément à l’obligation légale qui lui est faite.

C’est au sein de la communauté scientifique que la réflexion autour de ces questions a émergé, au sein du collectif Labos 1point5, qui a défini à la fois les termes d’une recherche scientifique sur l’empreinte environnementale de la science et les principes devant guider la construction d’une éthique environnementale de la recherche. Se posant comme extension de l’éthique académique à la fois dans sa dimension individuelle et collective, l’éthique environnementale de la recherche suppose que la communauté savante fixe elle-même les limites du « productivisme scientifique », dans un mouvement de transformation et de réappropriation des métiers de la recherche conforme au principe d’autonomie.

Puisque l’imploration des « décideurs » est manifestement inefficace (la crise du COVID en témoigne cruellement), la communauté scientifique n’a d’autre choix que d’accroître sa capacité d’auto-organisation pour trouver d’autres ressorts à la mise en œuvre des politiques qui font défaut.

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Quelques poissons perdus dans la galaxie

Quelques poissons perdus dans la galaxie

Préambule

Pour le 1er avril, le Ministère, en calant l’échéance de la campagne de recrutement synchronisée des enseignants-chercheurs le même jour que celle des candidatures aux primes du RIP E-C, à la même heure qui plus est, a organisé lui-même une vaste attaque par déni de service contre ses propres serveurs. C’est ainsi que depuis le 30 mars au soir, Galaxie ne répond plus que par intermittence. L’échéance a été reportée au 1er, puis au 5 avril. Nous assurons de notre sympathie les docteurs précaires dont la recherche de poste est affectée par cette pantalonnade. Ils et elles sont très matériellement victimes de l’usine à gaz clientéliste du RIP E-C, financée par le vol de nos cotisations de pension de retraite.

Le ministère a placé très haut la barre du grotesque, mais nous avons décidé de relever le gant. Vous trouverez dans ce message une tentative d’emporter d’un fou rire les larmes que pourrait inspirer l’incompétence des technocrates grisâtres.

Cocon-struction

Cocon-struction

Excellence de chercheur contisée à l’Ail Noir de Reims

Choisir un chercheur label rouge de belle taille. Privilégier les races à chair ferme et goûteuse, comme l’anarcho-presbytérien, le trotsko-kabbaliste ou le bolcho-maométan. Après en avoir retiré la colonne vertébrale, la pièce doit être bridée, les pattes rentrées dans le ventre et repliées, frottées sur les filets et les cuisses avec un demi-citron, pour les conserver blanches. Tremper l’estomac dans du fonds blanc bouillant pour rafermir les chairs. En retirer les os, et emplir le vide de la carcasse d’une farce. Barder.

Détacher l’excellence à deux doigts du suprême, préalablement levé, façonné en anneau et réservé. Ne pas oublier l’autre : si l’excellence de droite (en regardant vers l’arrière), entre la peau et les os, ravit le palais délicat, l’excellence de gauche, plus persillée, confine au sublime.

Piler l’Ail Noir de Reims au mortier avec son poids en crème fermière. La formule, établie et réglée selon le principe de travail des grandes maisons devra nécessairement être réduite, modifiée au point de vue économique, quand elle est exécutée dans une maison autonome de moindre importance : il appartient à l’initiative de l’ouvrier, selon ses ressources propres, de suppléer à la sacralité propre à Reims.

Contiser l’excellence : mettre la crème de l’A.N.R. dans votre poche et l’instiller sous la peau. Procéder comme si c’était l’ultime année où l’on puisse co(n)tiser.

Serrer l’excellence et le suprême en ballotine dans un linge paraffiné en évitant toute entrée d’air : la cuisson de l’excellence, en 180 secondes, se fait à l’asphyxiée. Le suprême est à point quand il présente agilité et souplesse. L’excellence doit se courber sous la pression du doigt.

Dérouler délicatement le linge. Détailler l’excellence et procéder à un enfumage à l’ancienne. En l’absence de fumoir, escaloper au wok les rondelles d’excellence dans un peu de beurre avec un jus de mandarinat pour réveiller la viande.

Seule une rondelle de ballotine sur 10 peut être qualifiée de parfaite. Jeter les autres. Dresser sur un plat avec 10 boules de truffes à la cuillère, napper de sauce Mornex. Entourer de tartelettes garnies de pointes d’asperge et farcies d’un salpicon de foie gras. Une belle lame de langue de bois écarlate taillée en crête de coq entre chaque tartelette.

Note. en saison, et pour un goût plus suave, l’Ail Noir peut être remplacé par l’ail des ours.

Dans l’antre des grands fauves

Dans l’antre des grands fauves

Dans l’antre des grands fauves

Pourquoi Omicron s’appelle-t-il également BA.1 et en même temps BA.2 ?

Pourquoi Omicron s’appelle-t-il également BA.1 et en même temps BA.2 ?

Création de l’Université expérimentale de Bourges

Université expérimentale de Bourges

Le Berry Républicain daté du 20 mars 2022.

Tel le super phénix, 233 ans après sa dissolution par les hordes sanguinaires de la Révolution française, l’Université de Bourges renaît de ses cendres. Ce joyau de  l’innovation pédagogique est une première en France : lauréate de l’Appel à projets d’excellence ReussEx, l’Université de Bourges garantit la réussite à 100 % de ses inscrits. Économie de temps ; économie de moyens ; l’Université de Bourges est tournée vers le service de proximité : dès le paiement des frais par carte bleue, le diplôme est délivré, clés en mains. C’est le duc de Berry, fondateur en 1463 de l’université par ordonnance de son frère, Louis XI, qui serait fier de voir ainsi son œuvre se poursuivre… On murmurait hier lors de l’inauguration qu’Aubigny-sur-Nère et Vailly-sur-Sauldre seraient déjà sur les rangs pour ouvrir des antennes de cette vraie, belle université de proximité.